Le 23 janvier 2025, l'Assemblée nationale du Pakistan a adopté le Prevention of Electronic Crimes (Amendment) Bill, 2025 (PECA), qui vise à résoudre les problèmes liés à la cybercriminalité et à la diffusion de la désinformation. Cette loi introduit plusieurs changements importants dans le cadre juridique existant :
Principales dispositions de l'amendement PECA 2025 :
Criminalisation des "fake news" :
La loi définit et punit la diffusion intentionnelle de fausses informations susceptibles de provoquer la peur, la panique ou le désordre dans le public. Les contrevenants risquent jusqu'à trois ans de prison, une amende pouvant atteindre 2 millions de roupies pakistanaises (PKR), ou les deux.
Mise en place d'organes de régulation :
- Bureau de la protection et de la réglementation des médias sociaux : Cet organisme nouvellement créé supervisera les plateformes de médias sociaux, protégera les droits des utilisateurs et régulera le contenu en ligne. Il a le pouvoir de bloquer ou de supprimer les contenus jugés nuisibles, offensants ou contraires à l'idéologie pakistanaise.
- Conseil des plaintes relatives aux médias sociaux : Cet organisme est censé traiter les plaintes relatives au contenu en ligne et clore les dossiers dans un délai de 90 jours.
Enregistrement obligatoire des médias sociaux :
Les plateformes de médias sociaux doivent s'enregistrer auprès du gouvernement et respecter les conditions fixées. Le non-respect de ces conditions peut entraîner des amendes ou des interdictions.
Interdiction de la diffusion des travaux parlementaires supprimés :
L'amendement restreint la possibilité de diffuser ou de transmettre en continu les sessions parlementaires, qui ont été officiellement supprimées.
Création de l'Agence nationale d'enquête sur la cybercriminalité :
La loi propose la création d'une agence nationale d'enquête sur la cybercriminalité, qui reprendra les tâches précédemment assumées par l'aile cybernétique de l'Agence fédérale d'investigation (FIA). Cette agence se concentrera sur les enquêtes relatives aux activités illégales sur les médias sociaux et autres plateformes en ligne.
Réactions du public et des organisations :
L'introduction de l'amendement PECA a suscité un débat considérable :
- Soutien : Les partisans de cette loi affirment qu'elle est nécessaire pour lutter contre la diffusion de fausses nouvelles et réguler les abus sur les médias sociaux, contribuant ainsi au maintien de l'ordre public.
- Opposition : Les critiques, notamment les journalistes, les organisations de défense des droits de l'homme et les partis d'opposition, affirment que les définitions larges et les sanctions sévères peuvent étouffer la liberté d'expression et être utilisées pour faire taire les voix de l'opposition. La Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP) a exprimé de sérieuses inquiétudes et a averti que la législation pourrait être utilisée pour persécuter les militants politiques, les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme.
Au fur et à mesure que la loi progresse, il est essentiel de trouver un équilibre entre la lutte contre la cybercriminalité et la désinformation et la protection des droits fondamentaux, afin que les mesures prises ne deviennent pas un instrument de censure.
L'impact du PECA sur les journalistes
La modification de la loi sur la prévention des délits électroniques a des implications majeures pour le travail des journalistes, tant positives que négatives.
Impacts négatifs :
- Un effet dissuasif sur la liberté d'expression :
La loi criminalise les "fake news" et la "diffamation", mais les définitions vagues de ces termes peuvent conduire à l'autocensure des journalistes. Nombre d'entre eux évitent de traiter de sujets sensibles par crainte de répercussions juridiques ou d'arrestation. - Risque d'abus à des fins politiques :
Cette loi a été critiquée parce qu'elle pourrait être utilisée pour réduire l'opposition au silence. Les journalistes qui dénoncent les échecs du gouvernement ou la corruption pourraient être accusés de diffuser de "fausses informations" et faire l'objet de harcèlement ou d'intimidation. - Surveillance accrue :
L'enregistrement obligatoire des médias sociaux et un contrôle plus strict peuvent conduire à la surveillance des activités en ligne des journalistes. Cela pose des problèmes de protection de la vie privée et peut décourager le journalisme d'investigation. - La menace de sanctions sévères :
Les sanctions telles que la prison ou de lourdes amendes pour désinformation soumettent les journalistes à une pression considérable. Même des erreurs involontaires peuvent avoir de graves conséquences et nuire à l'indépendance de l'information. - L'autocensure :
Par crainte de représailles, les journalistes pourraient se détourner des sujets critiques et des articles d'investigation qui sont essentiels à l'information du public.
Impacts positifs (avantages potentiels) :
- Lutte contre la désinformation :
L'amendement vise à freiner la propagation des fausses nouvelles, ce qui pourrait contribuer à un écosystème d'information plus fiable et digne de confiance. Toutefois, le succès de cet effort dépend d'une mise en œuvre équitable et impartiale. - Cadre juridique de la cybercriminalité :
L'amendement fournit un cadre juridique pour lutter contre la cyberintimidation, les menaces en ligne et les attaques contre les journalistes. Si elle est appliquée équitablement, la loi pourrait renforcer la sécurité des journalistes dans l'espace numérique.
Préoccupation générale :
Les journalistes et les organisations de médias avertissent que la formulation vague de la loi et les sanctions sévères qu'elle prévoit pourraient porter atteinte à la liberté de la presse. De plus en plus de voix s'élèvent pour demander que la loi soit modifiée afin qu'elle ne soit pas utilisée comme un outil de censure ou de répression. Les journalistes demandent des définitions plus claires et des garanties pour protéger la liberté d'expression, tout en reconnaissant la nécessité de lutter contre la désinformation et la cybercriminalité.
Ce débat met en évidence la nécessité d'une approche équilibrée qui garantisse l'obligation de rendre des comptes sans compromettre le droit des journalistes à informer librement et sans crainte.
Zaheer Alam
Président de l'Association des journalistes du Pakistan
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