PHOTO de David Niviere
Suite à une lettre laissée par une employée licenciée accusant l'établissement de "maltraitance", plusieurs documents montrent que la direction a été mise en demeure en 2017 suite à une "cure d'amaigrissement" du personnel. En 2019, les expertises demandées par le syndicat pour "risque grave" ont déjà fait état de plusieurs drames qui auraient pu être minimisés.
Quelques mots griffonnés sur un bout de papier comme une dernière volonté, un cri d'alarme. "Je fais cet acte contre la Banque de France". écrivait ce délégué du personnel juste avant de mettre fin à ses jours. Depuis ce drame survenu en juin, auquel s'est ajouté le geste d'un autre salarié à son domicile, la Banque de France 1 a été contrainte d'ouvrir une enquête interne sur le suicide, suite à une saisine exceptionnelle du Comité social et économique (CSE). Les conclusions de cette enquête ne seront connues qu'à la fin du mois, mais les multiples alertes auraient dû faire réagir la direction.
Toutes les organisations syndicales sont unanimes pour décrire le climat "anxiogène" et "délétère" qui a conduit à une montée fulgurante des risques psychosociaux (RPS). "Tous les thermomètres de la Banque de France ont viré au rouge et la gestion s'est poursuivie au détriment de la santé des agents et de la qualité du service public". résume Hugo Coldeboeuf, secrétaire général de la CGT Banque de France.
En cinq ans, le nombre de salariés a diminué de 22 %.
C'est en 2017 que les premières alarmes ont été tirées, un an après la mise en place du plan Ambition 2020. Pour François Villeroy de Galhau, ancien directeur général de BNP Paribas devenu gouverneur de la Banque de France en 2015, l'objectif est d'augmenter la rentabilité de l'institution en réduisant les coûts de 10 %.
Le nombre d'employés passera de 12 269 équivalents temps plein en 2015 à 9 535 à la fin de 2020, soit une diminution de 22 %. Entre 2010 et 2015, 9 postes de % ont été supprimés. Huit ans plus tard, le contrat a été respecté puisque les coûts ont diminué de 3,5 % par an.
(Humanité/Clotilde Mathieu/USA)