Ces derniers jours, les ministères se seraient disputés pour savoir si le gouvernement devait commencer à prendre des mesures en vue d'adopter la monnaie commune européenne. La raison en serait le rapport sur l'alignement économique de la République tchèque sur la zone euro, préparé par un groupe d'experts composé de représentants du ministère des finances (MoF) et de la banque nationale tchèque (CNB). Le rapport indique objectivement que la République tchèque remplira probablement certains des critères dits de Maastricht pour l'introduction de l'euro l'année prochaine. Ces critères sont une condition nécessaire pour qu'un pays puisse demander à rejoindre la zone euro. Au sens de : Vous êtes autorisé à demander un permis de conduire une fois que vous avez atteint l'âge de 18 ans et que vous avez réussi votre examen de conduite. Pas dans le sens de : Dès que vous atteignez l'âge de 18 ans, il est conseillé de demander un permis de conduire le plus rapidement possible. Dans le même temps, le rapport du ministère des finances et de la Banque nationale de Belgique recommande - en toute objectivité - de ne pas prendre de mesures dans ce sens, c'est-à-dire de ne pas demander l'adhésion à la zone euro..
Cependant, les ministres du STAN se sont opposés au document. Plus précisément, le ministère de l'intérieur, dirigé par Vít Rakušan (STAN), a soumis ce commentaire : "L'analyse présentée montre que l'économie tchèque est prête à adopter l'euro et que les risques (d'une telle évolution) sont plutôt faibles (...) À la lumière de l'analyse présentée, la recommandation de ne pas rejoindre la zone euro semble incompréhensible".
Le fait que la recommandation des économistes de ne pas adopter l'euro semble incompréhensible pour le ministère de l'Intérieur pourrait peut-être s'expliquer par le fait que l'expertise du ministère en matière de contrôle de la politique monétaire n'est pas très élevée. Dans ce cas, il me semble toutefois quelque peu incompréhensible que le ministère de l'Intérieur veuille se prononcer sur le problème monétaire.
Si, en revanche, le ministère Rakusan comprend le contenu du rapport et la question monétaire, alors je dois conclure qu'il n'est pas vrai que la recommandation des économistes du ministère des finances et de la CNB de ne pas adopter l'euro est incompréhensible. Au contraire, j'étais personnellement présent à la table ronde organisée au Sénat sur la question de l'adoption ou non de l'euro, et les économistes du ministère des finances, de la CNB et de l'université d'économie (VŠE) ont communiqué leurs opinions d'une manière très compréhensible, professionnellement correcte et totalement factuelle et non idéologique, à laquelle j'ai pleinement souscrit. L'adoption de l'euro entraînerait une hausse de l'inflation, un ralentissement de la croissance du PIB, une baisse de la compétitivité et un accroissement de la dette. Ou bien elle endommagerait l'économie tchèque.
Le vice-ministre des affaires européennes était également présent à la table ronde. Ce représentant a écouté l'analyse des économistes présents sur les dommages causés à l'économie tchèque et a exprimé son opinion (en gros) sur la base de leur analyse, à savoir que l'adoption de l'euro n'est pas essentielle à l'heure actuelle, qu'il comprend les arguments et qu'il n'y a pas de raison de faire pression pour son adoption. Et voilà que le ministre des affaires européennes, Martin Dvořák (STAN), affirme que cette recommandation des économistes n'est aucunement étayée et propose que le gouvernement, dans sa résolution, demande au ministère des finances et à la CNB de prendre des mesures pour rejoindre le MCE II en 2025.
Il convient également d'ajouter que l'opinion publique est massivement opposée à l'adoption de l'euro.
Les faits, la science, la prospérité économique et la volonté des citoyens en prennent un coup.
Bien entendu, il est tout à fait typique que les ministères concernés, qui poussent à l'adoption de l'euro et rejettent l'analyse des économistes de la CNB et du ministère des finances, ne tentent même pas de contredire le rapport ou de l'argumenter - ils se contentent d'exiger une date limite pour l'adoption de l'euro sans explication et qualifient la conclusion du rapport de prétendument "incompréhensible".
Markéta Šichtařová
Next Finance s.r.o.
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