Ces derniers jours, ce ne sont pas seulement les indices boursiers du monde entier qui ont atteint de nouveaux sommets, mais aussi le prix de l'or. Il a atteint un niveau record de près de 2 450 dollars l'once troy. Cela représente une hausse de 19 % depuis le début de cette année. La correction printanière de la précédente hausse du prix de l'or est donc bel et bien terminée.
Ce qui fait avancer l'or, c'est que les investisseurs, après des mois d'incertitude, se rendent enfin compte que les principales banques centrales du monde vont baisser leurs taux d'intérêt. Dans le cas de la Banque centrale européenne, le début du cycle de réduction des taux d'intérêt semble prévu pour le mois de juin, tandis que dans le cas de la Fed américaine, il devrait avoir lieu en septembre. La baisse de l'attrait de l'euro et du dollar pour les taux d'intérêt accroît naturellement l'intérêt pour l'or. Il est vrai que la hausse du prix de l'or au cours des derniers mois a été interrompue par la simple prise de conscience des investisseurs que la Fed américaine ne relèvera plus les taux d'intérêt. En effet, plus le dollar a été attractif en termes d'intérêts, plus l'or, qui ne rapporte aucun intérêt, a souffert.
Un facteur encore plus important de la hausse du prix de l'or est le fait que les banques centrales achètent de l'or pour leurs coffres. Elles ont acheté plus de 290 tonnes au cours du premier trimestre. C'est un nouveau record. Cela renforce la tendance des banques centrales à acheter plus de 1 000 tonnes par an en 2022 et 2023. Quelles sont les raisons qui poussent les banques centrales à accroître leurs réserves d'or ? Il ne s'agit certainement pas de facteurs purement économiques, c'est-à-dire de parier sur une baisse rapide de l'attrait des taux d'intérêt de l'euro ou du dollar. En effet, les banques centrales n'ont pas pour objectif premier de réaliser des bénéfices. Les facteurs géopolitiques en sont une raison certaine, avec les affrontements au Moyen-Orient ou la guerre en Ukraine. Cette dernière a d'ailleurs montré qu'il n'était pas difficile pour la Russie de geler ses réserves de change libellées en dollars.
C'est pourquoi de nombreuses banques centrales des pays émergents se tournent de plus en plus vers l'or. Enfin, les arguments en faveur d'une augmentation des achats d'or par les banques centrales reposent sur la volonté de réduire la dépendance à l'égard du dollar américain. Ce n'est pas un hasard si la Chine est en tête de la ruée vers l'or, puisqu'elle a augmenté ses réserves d'or de 27 tonnes au cours du premier trimestre de cette année. Et attention, la République tchèque a été le cinquième acheteur d'or au monde au cours du premier trimestre de cette année. La Banque nationale tchèque (CNB) en a acheté cinq tonnes, alors qu'elle occupait la sixième place avec deux tonnes au cours de la même période de l'année dernière. La CNB détenait 35,58 tonnes d'or dans ses réserves à la fin du mois de mars.
Le gouverneur de la CNB, Ales Michl, rêve que la réserve d'or de la banque centrale augmente progressivement pour atteindre 100 tonnes d'or. Même si cet objectif était atteint, l'or ne représenterait qu'environ 5 % du total des réserves de change de la banque centrale. Revenons au prix de l'or. Nous avons mentionné deux incitants importants à la poursuite de sa croissance. D'un autre côté, force est de constater que la hausse actuelle du prix de l'or est tout simplement fulgurante. Il est vrai qu'une forte hausse est toujours suivie d'une correction à la baisse. Mais la question à un million de dollars est de savoir combien de temps nous devons attendre cette correction à la baisse. Si nous regardons en arrière, nous avons également assisté à une flambée du prix de l'or en 2008, par exemple. Mais à l'époque, le pic s'est prolongé pendant trois ans et le prix de l'or a doublé.
Ce n'est qu'ensuite qu'il est retombé. Qu'entendons-nous par là ? Il est de loin préférable d'acheter de l'or avec un horizon d'investissement à long terme - 10 ans ou plus - plutôt que de chercher à anticiper le marché. Ainsi, nous n'avons pas à nous soucier de savoir si la correction aura lieu dans un an ou dans trois ans. Nous pouvons profiter du fait qu'à long terme, les prix de l'or augmentent en moyenne d'environ 9 % par an.
Markéta Šichtařová - nextfinance.cz