L'Académie royale des sciences de Suède a décidé de décerner le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel pour 2024 à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James A. Robinson "pour leurs études sur la façon dont les institutions sont façonnées et comment elles affectent la prospérité".
Les lauréats de cette année dans le domaine des sciences économiques (Acemoglu, 57 ans, est professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), tout comme Johnson, 61 ans. Robinson, 64 ans, est professeur à l'université de Chicago.) ont démontré l'importance des institutions sociales pour la prospérité d'un pays. Les sociétés dotées de mauvaises lois et d'institutions qui exploitent la population ne génèrent pas de croissance ni d'évolution positive. Les recherches des lauréats nous aident à comprendre pourquoi.
Lorsque les Européens ont colonisé de grandes parties du globe, les institutions de ces sociétés ont changé. Les changements ont parfois été spectaculaires, mais ils n'ont pas été partout les mêmes. Dans certains endroits, l'objectif était d'exploiter la population indigène et d'extraire les ressources au profit des colonisateurs. Ailleurs, les colonisateurs ont créé des systèmes politiques et économiques inclusifs pour le bénéfice à long terme des immigrants européens.
Les lauréats ont montré que les différences de prospérité entre les pays s'expliquent notamment par les institutions sociales mises en place pendant la colonisation. Dans les pays qui étaient pauvres au moment de la colonisation, des institutions inclusives ont souvent été mises en place, ce qui, avec le temps, a conduit à un bien-être général de la population. C'est une raison importante pour laquelle les anciennes colonies qui étaient riches sont aujourd'hui pauvres, et vice versa.
Certains pays sont piégés dans une situation d'exclusion institutionnelle et de faible croissance économique. L'introduction d'institutions inclusives apporterait des avantages à long terme pour tous, mais les institutions extractives apportent des gains à court terme pour ceux qui sont au pouvoir. Tant que le système politique garantit qu'ils resteront au pouvoir, personne ne croira à leurs promesses de réformes économiques futures. Par conséquent, selon les lauréats, il n'y a pas d'amélioration.
Toutefois, cette incapacité à promettre de manière crédible un changement positif peut également expliquer pourquoi la démocratisation se produit parfois. Lorsque la révolution menace, les personnes au pouvoir sont confrontées à un dilemme. Ils préféreraient rester au pouvoir et tenter de rassurer les masses en promettant des réformes économiques, mais il est peu probable que la population croie qu'ils ne reviendront pas à l'ancien système une fois que la situation se sera calmée. En fin de compte, la seule option pourrait être de céder le pouvoir et d'instaurer la démocratie.
"Réduire les énormes écarts de revenus entre les pays est l'un des plus grands défis de notre époque. Les lauréats ont démontré l'importance des institutions sociales dans la réalisation de cet objectif". Dit Jakob SvenssonPrésident du comité pour le prix des sciences économiques.
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