FRANCFORT, 24 octobre - Certains responsables de la fixation des taux de la Banque centrale européenne (BCE) ont émis l'idée d'une éventuelle réduction de 50 points de base des taux d'intérêt, signe d'un changement d'orientation des préoccupations en matière d'inflation vers les problèmes de croissance dans la zone euro.
Selon le gouverneur de la Banque du Portugal Maria Centena la possibilité d'une telle réduction pourrait être envisagée lors de la réunion de décembre de la BCE, au cours de laquelle la banque centrale décidera de sa prochaine ligne d'action. Dans une interview accordée à CNBC mercredi, M. Centeno a cité des données récentes qui pourraient soutenir une réduction plus agressive des taux.
L'inflation de la zone euro a chuté de manière inattendue en septembre, ce qui a incité la BCE à réduire ses taux d'intérêt directeurs de 25 points de base jeudi dernier. Il s'agit de la troisième baisse de taux cette année et de la première baisse consécutive en 13 ans.
Bien que le président de la BCE Christine Lagarde insistant sur le fait que la réduction des taux était basée sur l'idée que "le processus de désinflation est en bonne voie", les spéculations se multiplient sur le marché quant à une possible réduction des taux de 50 points de base en décembre.
Président de la banque centrale des Pays-Bas Nœud de Klaas s'est dit convaincu que l'inflation reviendrait à son niveau cible dans le courant de l'année prochaine et a indiqué qu'une réduction de 50 points de base du taux d'intérêt ne devrait pas être exclue en décembre.
En revanche, le directeur de la banque centrale autrichienne Robert Holzmann estime que, sur la base des données actuelles, une réduction des taux de 50 points de base en décembre est peu probable.
L'inflation dans la zone euro a fortement chuté à 1,7 % en septembre, contre 2,2 % en août. C'est la première fois depuis la mi-2021 que l'inflation est tombée en dessous de l'objectif de 2 %.
Après la réunion du Conseil des gouverneurs de jeudi dernier, Mme Lagarde a admis que le chiffre de l'inflation était une surprise. "Je ne suis pas sûr que nous nous attendions à ce 1,7 %, et personne d'autre ne s'y attendait.
Une enquête de la BCE auprès des prévisionnistes professionnels, publiée vendredi dernier, a révisé à la baisse l'inflation prévue pour 2025 de 2 % à 1,9 %.
Mme Lagarde a souligné que la lutte contre l'inflation n'est pas terminée et qu'il est encore prématuré pour la banque centrale de crier victoire.
L'économie de la zone euro a stagné en 2023 et a connu une lente reprise en 2024. Tout en écartant les craintes d'une récession, Mme Lagarde a reconnu que l'activité économique était plus faible que prévu.
On craint de plus en plus que la politique monétaire restrictive actuelle ne ralentisse la fragile reprise économique.
M. Knot a déclaré à la chaîne de télévision CNBC que la BCE devrait s'inquiéter à la fois du dépassement des objectifs et de leur insuffisance. Il a noté que la BCE pourrait continuer à réduire ses taux jusqu'à ce qu'elle atteigne une position neutre, définie comme n'étant ni expansionniste ni contractionniste, en particulier si les projections de décembre s'alignent sur une nouvelle détérioration des données économiques.
Des voix se sont élevées pour demander à la BCE de ramener son taux directeur à un taux neutre, également appelé taux naturel, qui n'est ni expansionniste ni contractionniste. Selon une étude de la BCE publiée en septembre, le taux naturel n'est pas constant dans le temps et était proche de zéro en 2010 (équivalent à un taux nominal de 2 %).
Étant donné que le taux de base actuel reste nettement supérieur au taux neutre, les analystes prévoient que la BCE devra procéder à de nouvelles réductions à l'avenir pour atteindre rapidement un niveau neutre.
Xinhua/ gnews - RoZ
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