Les procureurs français ont rendu mercredi leur verdict à l'encontre de Marine Le Pen, qui est accusée d'avoir détourné des fonds de l'UE et dont les ambitions présidentielles sont en jeu.
Marine Le Pen a consacré toute son énergie à lutter contre ce qu'elle estime être des accusations injustes selon lesquelles son parti aurait détourné des fonds. du Parlement européen. Première dame Français à l'extrême droite se trouve aujourd'hui à un moment charnière d'un grand procès dans lequel son éligibilité à la présidence en 2027 est en jeu.
M. Le Pen attend un verdict de culpabilité alors que les procureurs concluront leur affaire mercredi et présenteront une proposition de condamnation. Le procès doit se terminer le 27 novembre et un verdict est attendu plus tard.
Assemblée nationale et 25 de ses dirigeants, dont Mme Le Pen, sont accusés d'avoir utilisé de l'argent destiné aux assistants parlementaires de l'UE pour rémunérer des collaborateurs ayant travaillé pour le parti entre 2004 et 2016, en violation des règles de l'Union européenne. À l'époque, l'Assemblée nationale s'appelait le Front national.
Alors qu'elle entrait dans un tribunal de Paris la semaine dernière, Mme Le Pen a souhaité Donald Trump "bonne chance" dans le message sur X. Le chef de file de l'extrême droite française, qui s'est engagé à présenter une quatrième candidature à la présidence en 2027, a peut-être à l'esprit ce message. La condamnation pour crime de Trump en début d'année ne l'a pas détourné de la Maison Blanche.
Depuis le début de ce procès long et complexe, Mme Le Pen s'est montrée insistante, s'asseyant au premier rang, restant tard dans la nuit et exprimant son exaspération face aux accusations, qu'elle estime erronées.
L'avocate expérimentée observe les débats avec une attention extrême, gonflant parfois les joues, manifestant sa désapprobation par de vigoureux hochements de tête et se déplaçant pour s'entretenir avec les avocats, ses talons claquant bruyamment sur le sol en bois dur de la salle d'audience.
S'ils sont reconnus coupables, Mme Le Pen et ses coaccusés risquent jusqu'à 10 ans de prison et des amendes pouvant aller jusqu'à 1 million d'euros (1,1 million de dollars) chacun. Ces derniers jours, cependant, les plus grandes inquiétudes de Mme Le Pen se sont concentrées sur la possibilité que le tribunal impose une interdiction de sa candidature. Une affaire similaire impliquant le parti centriste français s'est soldée par des amendes et des peines de prison avec sursis au début de l'année.
On a pu la voir discuter avec ses avocats des complexités juridiques d'un tel scénario, qui pourrait compromettre ou même anéantir sa candidature à une autre élection présidentielle. Mme Le Pen est arrivée en deuxième position derrière le président lors des élections présidentielles de 2017 et de 2022. Emmanuel Macron et le soutien électoral de son parti s'est accru ces dernières années.
S'adressant aux journalistes à l'extérieur de la salle d'audience, Mme Le Pen a semblé préparer le terrain pour une éventuelle condamnation en faisant des commentaires sur sa culpabilité, qu'elle a qualifiés de prévisibles, tout en déclarant qu'il n'était pas exclu qu'elle renonce à ses ambitions politiques ou qu'elle les revoie à la baisse.
"J'ai l'impression que nous n'avons pas réussi à vous convaincre." C'est ce qu'a déclaré Mme Le Pen au collège de trois juges la semaine dernière, en détaillant ses arguments dans un discours d'une heure et demie entrecoupé de remarques politiques qui semblaient provenir de nombreux journalistes présents dans la salle d'audience.
Mme Le Pen a rejeté les accusations selon lesquelles elle aurait été à la tête d'un "système" visant à détourner l'argent du Parlement européen au profit de son parti, qu'elle a dirigé de 2011 à 2021.
Au contraire, elle a fait valoir que les tâches des assistants auraient dû être adaptées aux diverses activités des députés européens, y compris certaines tâches très liées aux partis politiques.
Assistant parlementaire "c'est le statut", elle a dit. "Il ne dit rien sur l'emploi, rien sur le type de travail requis, de la secrétaire au rédacteur de discours, de l'avocat au graphiste, du garde du corps au personnel de bureau de l'eurodéputé".
Les co-accusés de Mme Le Pen - dont la plupart lui doivent leur carrière politique ou professionnelle - ont témoigné sous sa stricte supervision.
Certains assistants ont donné des explications embarrassées et confuses lorsqu'ils ont été confrontés à l'absence de preuve que leur travail était lié au Parlement européen.
Ils l'entendaient souvent apporter des précisions ou des corrections, même lorsque ce n'était pas son tour de comparaître devant le tribunal. Parfois, elle interrompait un point qu'ils étaient en train de soulever par un "voilà" retentissant.
Le Pen a insisté sur le fait que le parti "n'a jamais eu le moindre reproche de la part du Parlement" jusqu'en 2015, date à laquelle Martin Schulzalors président de l'organe européen, a alerté les autorités françaises sur la possibilité d'une utilisation frauduleuse des fonds de l'UE par des membres du Front national.
"Remontons dans le temps. Les règles n'existaient pas ou étaient beaucoup plus souples". a-t-elle déclaré.
Mme Le Pen craint que la Cour ne tire des conclusions erronées des pratiques courantes du parti, qu'elle juge légitimes.
"C'est injuste." répète-t-elle. "Lorsque quelqu'un est convaincu qu'une tomate signifie cocaïne, c'est toute la liste des courses qui devient suspecte ! Elle a ajouté.
Le Président de la Cour Bénédicte de Perthuis a déclaré que, quelles que soient les questions politiques, la Cour devrait s'en tenir au raisonnement juridique.
"En définitive, la seule question qui importe (...) est de déterminer, sur la base de l'ensemble des éléments de preuve, si les assistants parlementaires travaillaient pour le député auquel ils étaient affectés ou pour l'Assemblée nationale," de Perthuis.
Avocat du Parlement européen Patrick Maisonneuve a déclaré que le coût du détournement de fonds présumé était estimé à 4,5 millions d'euros. "Au cours des dernières semaines, il est apparu très clairement que la fraude avait été largement prouvée, je pense a-t-il déclaré aux journalistes mardi.
Maisonneuve a déclaré que certains des accusés auraient reçu des instructions, "donner les mêmes réponses collectives comme de bons soldats pour le parti et sauver le patron".
Lors de sa dernière audition devant les procureurs, mercredi, Mme Le Pen a exhorté les juges à considérer que le droit à la liberté d'expression est un droit fondamental. "preuve de (elle) innocent".
"Le tribunal peut écrire que nous sommes désordonnés, parfois désorganisés... Ce n'est pas un crime". a-t-elle déclaré.
France24/ gnews - RoZ
PHOTO - Facebook de Marinr Le Pen